* Dialogue entre chrétiens !!!

QUEL DIALOGUE AVEC LES COMMUNAUTES RELIGIEUSES ?

Young businessman presenting hand drawn question marks

Les rencontres avec les communautés de croyants laissent souvent le sentiment d’un malaise, d’un échange inabouti. Certes, de plus en plus souvent, on nous interroge sur ce que nous faisons, sur nos convictions profondes. Ces rencontres sont empruntes d’un grand respect et pleines d’empathie. Notre message est-il passé, pour autant ? Et quel message voulons-nous faire passer ?
Le thème de la rencontre porte le plus souvent sur la compatibilité de notre vie affective et sexuelle avec les positions des églises sur l’homosexualité. Cela me semble normal mais risque de nous enfermer dans un discours moralisant et de nous faire passer pour un lobby gai.
Gay Priest

Les bases de notre position ne sont pas évoquées. Pourquoi soutenons-nous qu’on peut être chrétien et gai ? …
Une autre source d’incompréhension vient de ce que nos rencontres se situent sur le terrain du religieux et pas assez sur le terrain de la foi. Le vécu de DJ est éclairant sur ce point. Le mouvement est œcuménique. Les participants des diverses confessions chrétiennes se rencontrent dans une branche « spiritualité » pour affirmer la place de la foi chrétienne dans le mouvement. Sans parler de tour de Babel, le discours de chaque confession reste marqué par les querelles du passé et par un vocabulaire plein d’équivoques. La volonté d’unité est grande. Toutefois, chacun est prisonnier du vocabulaire et des pratiques de culte qui sont propres à son église. Cela se voit lors des célébrations : fera-t-on un culte, célébrera-t-on une messe ? En quel rite… ?
jar

Tout cela relève de la dévotion, des croyances, des strates théologiques qui ont été ajoutées au cours des siècles et cache l’essentiel, le kérygme, l’annonce du Christ ressuscité.
Tout cela, c’est ce qui nous divise, ce qui brouille les pistes et qui fait de nous des partisans plus que des croyants.
Si on regarde la foi que Jésus rencontre et qu’il nous donne en exemple, on constate que son contenu est très simple. « Ta foi t’a sauvée ! » dit Jésus à l’hémorroïsse. Que croit-elle ? Que Dieu existe ? Tout le monde le croit en son temps. Que Jésus est Fils de Dieu, qu’il est ressuscité ? Il ne saurait en être question. Elle croit qu’elle n’est pas faite pour vivre une exclusion totale, qu’elle doit aller vers la vie, reprendre sa place de femme dans la société et vivre heureuse dans sa famille et dans son village. Elle croit que Jésus peut lui apporter cela. Et Jésus lui dit que tout cela se trouve en elle, que çà constitue sa foi et que çà la sauve.
Criminal in handcuffs

Jésus nous donne en modèle la foi du centurion. Que croit-il ? Que cet esclave qu’il aime n’est pas voué à la mort et qu’il doit continuer à vivre. Le message de Jésus n’est ni cultuel, ni moral, ni théologique. Il est traversé par une conviction de fond : Le Père aime les fils et les filles à qui il a donné la vie. Il les appelle à vivre pleinement de sa vie. Tout ce qui est mortifère, tout ce qui détruit la vie doit être mis en échec. Jésus paiera cette conviction du prix de sa vie. Nous affirmons qu’il est vivant et qu’il nous fait vivre.
Ce que veulent entendre ceux qui frappent à la porte de DJ est du même ordre, même si la formulation de leur demande est loin d’être claire. Ils veulent entendre dire qu’ils ne sont pas faits pour la culpabilité, pour le mépris ou pour une vie marginalisée par leur particularité affective et sexuelle. Et ceux qui ont dépassé ce stade veulent entendre dire que leur vie de gai et de lesbienne a du sens et qu’elle peut déboucher sur l’éternité.
God Loves Gay card with Rainbow flag background

Cette foi dans la vie, une vie qui nous dépasse, qui vient de Dieu et qui y conduit par le Christ Jésus, reste le soubassement de l’unité des chrétiens. Elle devrait être le préalable à toute rencontre avec d’autres chrétiens. Toutes les croyances, dévotion, particularismes religieux, devraient s’effacer devant cette conviction. Cela nous permettrait de dialoguer non seulement avec les communautés religieuses mais aussi avec tous les hommes de bonne volonté qui se battent également sur ce terrain du respect dû à l’homme. Et notre monde en a bien besoin.

Jacques Fraissignes 15/09/2004