03 décembre 2018 Journal Ouest France
Encore une déclaration de François qui ne va pas passer inaperçue. Dans un livre d’entretien intitulé « La force de la vocation », le pape redoute que « la mode de l’homosexualité affecte la vie de l’Église ».
« L’homosexualité dans le clergé ? c’est une question très sérieuse qui me préoccupe. »
Ce n’est pas la première fois que le pape aborde la question de l’homosexualité. Dans un long entretien avec le prêtre espagnol Fernando Prado, qui doit être publié en plusieurs langues, cette semaine, sous le titre « La force de la vocation », François se penche plus précisément sur l’homosexualité des clercs.
« Lobby gay »
En juin 2013, il avait reconnu l’existence d’un « lobby gay » à la Curie, c’est-à-dire au sein même de son « gouvernement ».
Il s’en inquiète à nouveau. « Dans nos sociétés, il semble même que l’homosexualité soit à la mode et cette mentalité, d’une certaine manière, affecte également la vie de l’Église. »
Il rappelle, en conséquence, la règle édictée par son prédécesseur Benoît XVI, en novembre 2005 : les hommes animés par des tendances homosexuelles ne doivent pas être ordonnés prêtres.
Dans la Ratio Fundamentalis publiée le 8 décembre 2016, par la Congrégation du Clergé, on lit : « Si un candidat pratique l’homosexualité ou présente des tendances homosexuelles profondément enracinées, son directeur spirituel ainsi que son confesseur ont le devoir de le dissuader, en conscience, d’avancer vers l’ordination ».
Pas de double vie
Le pape François le redit : « Dans la vie consacrée et la prêtrise, il n’y a pas de place pour ce type d’affection. C’est pourquoi l’Église recommande que les personnes ayant ce type de tendance profondément ancrée ne soient pas acceptées dans le ministère ou la vie religieuse. »
Quant aux homosexuels qui sont déjà prêtres, religieux ou religieuses, ils « doivent être incités à vivre intégralement le célibat, et surtout à être parfaitement responsables, en cherchant à ne jamais créer de scandale dans leur communauté ou parmi les fidèles en vivant une double vie », ajoute le pape.
« Il vaut mieux qu’ils abandonnent le ministère ou la vie consacrée plutôt que de vivre une double vie », insiste-t-il.
Commentaire
François a-t-il changé d’avis sur l’homosexualité ? « Si une personne est gay et cherche le Seigneur avec bonne volonté, qui suis-je pour la juger ? », avait-il répondu à une journaliste, dans l’avion qui le ramenait des JMJ de Rio, en 2013.
Un message fraternel en direction des personnes homosexuelles qui semble contredit par ces dernières déclarations. En apparence seulement.
Parce que les derniers propos du pape concernent les clercs et, plus spécialement, ceux qui mènent une double vie. Dont certains sont peut-être à sa porte. L’été dernier, l’archevêque Carlo maria Vigano avait provoqué une polémique en affirmant qu’il existait un « réseau homosexuel » au Vatican dont les membres se protégeaient les uns les autres.
Un réseau, s’il existe réellement, dont le pape François a toutes les raisons de se méfier.
Pour autant, l’emploi du mot « mode » appliqué à l’ensemble de la société est plus que malheureux. L’homosexualité existe depuis toujours, sur tous les continents et dans tous les milieux. Cette préférence sexuelle n’est jamais un choix, et encore moins une quelconque « mode ». Faut-il rappeler la souffrance des jeunes qui se découvrent homosexuels et le sort terrible qui est réservé aux gays dans de nombreux pays ?
En réalité, le pape ne peut ignorer qu’il ne s’agit pas d’une mode. Mais il craint, à juste titre, que les pratiques homosexuelles au sein du clergé ne débouchent sur un nouveau scandale.
L’Église catholique est confrontée à une crise sans précédent avec les révélations en cascade sur les crimes pédophiles. Elle voit poindre également un autre problème : les enfants de prêtres qui témoignent de l’injustice que leur fait subir l’institution.
François veut-il, cette fois, prendre les devants tout en se protégeant de ceux qui, à la Curie, entravent sa volonté de réformer ?
Une chose est sûre, il existe, au sein du clergé, des prêtres homosexuels. Il est même très probable que la proportion de gays soit plus élevée parmi les clercs que dans la société civile. La prêtrise ayant constitué une forme de « refuge » pour les personnes homosexuelles qui, autrefois, n’étaient pas interrogées sur leur sexualité lors de leurs études au séminaire.
Pour autant, en quoi une préférence sexuelle, à laquelle personne n’est réductible, serait incompatible avec la prêtrise ? L’institution ne répond pas sur le fond. Et, du coup, elle prend le risque de se couper encore un peu plus des « périphéries » qu’elle prétend rejoindre.
Article trouvé sur le site de Ouest France, non signé, suivi de nombreux commentaires, avec des échanges intéressants.
Dom.