Cardinal Hollerich

Extraits

La Croix L’Hebdo de ce 22 janvier 2022

Interview du cardinal Hollerich, archevêque de Luxembourg et secrétaire général du Synode sur la synodalité.

« Je me souviens qu’à l’école une enfant de ma classe n’avait pas fait sa première communion et cela avait créé un scandale. Maintenant, ce qui provoque le scandale, c’est plutôt qu’un enfant la fasse. »

« Nous devons maintenant bâtir une Eglise sur la foi. Nous savons désormais que nous sommes et que nous serons une minorité. Il ne faut ni s’en étonner ni s’en lamenter. J’ai la douce certitude que mon Seigneur est présent dans l’Europe actuelle. »

« Le monde est toujours à la recherche, mais ne cherche plus de notre côté, et cela fait mal. Nous devons présenter le message de l’Evangile de telle manière que les gens puissent s’orienter vers le Christ. »

« Nous avons une théologie que plus personne ne comprendra dans vingt ou trente ans. Cette civilisation aura passé. C’est pourquoi il nous faut un nouveau langage qui doit être fondé sur l’Evangile. Or, toute l’Eglise doit participer à la mise au point de ce nouveau langage : c’est le sens du synode. »

« les responsables politiques ont souvent tendance à taire leurs préférences religieuses pour les réserver au domaine privé. Dans ce cas, ce n’est plus une religion, mais une conviction personnelle. La religion demande un espace public pour s’exprimer. »

« Si nous avons certaines positions, ce n’est pas parce que nous sommes conservateurs,, mais parce que nous pensons que la vie et la personne humaine doivent être au centre. Pour pouvoir dire cela, je pense qu’il faut entretenir des dialogues, des amitiés, avec des décideurs ou des responsables politiques qui pensent autrement. »

« Parlons-nous pour nous-mêmes, pour nous assurer que nous sommes du bon côté ? Est-ce pour rassurer nos propres fidèles ? Ou parlons-nous pour être entendus ? »

« Je pense que même si cela n’est pas forcément conscient, l’Eglise a l’image d’une institution qui sait tout mieux que les autres. Il lui faut donc une grande dose d’humilité, sans quoi elle ne peut pas entrer dans un dialogue. Cela signifie aussi qu’il faut montrer que nous voulons apprendre des autres.

Un exemple : je suis tout à fait opposé à l’avortement. Et comme chrétien je ne peux pas avoir une position différente. Mais je comprends aussi qu’il y a un souci de dignité des femmes, et le discours que nous avons eu dans le passé pour nous opposer aux lois sur l’avortement n’est plus audible aujourd’hui. »

« J’étais il y a quelques semaines au Portugal, où je célébrais la messe. Il y avait là un petit garçon qui, servant la messe, me regardait comme si j’étais le bon Dieu (…) Abuser de tels enfants est un véritable crime. C’est une faute beaucoup plus grave que si un professeur ou un entraîneur de sport commettait  ces actes. Le fait que l’on ait toléré cela pour protéger l’Eglise, cela fait mal. On a fermé les yeux ! C’est presque irréparable. »

« Il faut cesser de faire comme si les femmes étaient un groupe marginal dans l’Eglise. Elles ne sont pas à la périphérie de l’Eglise. Elles sont au centre. »

« nous devons changer notre manière de considérer la sexualité. Jusqu’à maintenant, nous avons une vision plutôt réprimée de la sexualité (…) Dans ce domaine, il faut aussi que les prêtres puissent parler de leur sexualité et qu’on puisse les entendre s’ils ont du mal à vivre leur célibat. Ils doivent pouvoir en parler librement, sans crainte d’être réprimandés par leur évêque. Quant aux prêtres homosexuels, et il y en a beaucoup, ce serait bien qu’ils puissent en parler à leur évêque sans que ce dernier les condamne ».

« Pourquoi ne pas avoir aussi des prêtres mariés ?

Et même, si un prêtre ne peut plus vivre cette solitude, on doit pouvoir le comprendre, ne pas le condamner. (…) Et il est aussi évident que chaque prêtre tombe amoureux, de temps en temps. Toute la question est de savoir comment se comporter dans ce cas-là. Il faut d’abord avoir l’honnêteté de se l’avouer à soi-même, puis agir de telle manière que l’on puisse continuer à vivre son sacerdoce. »